Guitariste de Kiss durant douze ans, Bruce Kulick sort de l'ombre
Pascal Vuille et David : - Bruce Kulick, comment vous sentez-vous au moment de publier votre troisième effort en solo?
Bruce Kulcik : - 2009 aura été une année exceptionnelle pour moi. Mon disque bénéficiera d'une distribution à l'échelle mondiale. Et le fait que Kiss, tout comme Ace Frehley (ndlr: le guitariste originel de Kiss), viennent de sortir leurs nouveaux albums, ne peut que me rendre service. C'est une période fertile, car mon disque attirera forcément l'attention des nombreux fans de Kiss.
- Peut-on considérer «BK3» comme étant une sorte de bande-son de votre vie?
- C'est vrai. J'ai écrit «I'll survive» pour évoquer mes sentiments après avoir reçu une balle perdue lors d'une fusillade à Los Angeles en 2003. «Fate» pose un regard sur mes années avec Kiss. Il y a bien sûr une chanson romantique, car j'ai vécu quelques histoires d'amour et autant de ruptures ces dernières années. «Final mile» parle des innombrables voyages que j'ai faits avec Kiss, de ces longues périodes qui me gardaient éloigné de ma maison, de mes parents, de mon chien et de mes amis.
- Qu’est-ce qui est le plus important dans la vie pour vous: la musique, le succès ou l’amour?
- Cette question m'en rappelle une autre, cruciale, que je me pose souvent: n'ai-je pas sacrifié une vie de famille au profit de la musique? J'ai tellement fait de tournées mondiales que je n'ai pas eu l'occasion de fonder une famille, d'avoir un enfant. Je pense que l'idéal est de pouvoir concilier ces trois dimensions. Mais ai-je vraiment réussi?
- Sur «Life», vous dites: «La vie est un jeu fou. Parfois on y gagne, parfois on y perd». Y a-t-il là un peu de nostalgie?
- L'important est de m'entourer de personnes ayant un état d'esprit positif, parce que je ne suis pas quelqu'un de très optimiste de nature. Je suis plutôt sarcastique. Dans tout, je me prépare au pire, mais j'espère le meilleur. J'essaie tout de même d'avoir un regard positif sur tout ce que j'ai vécu, même sur les choses que j'ai perdues. Combien de musiciens peuvent-ils se targuer d'avoir fait partie de Kiss, l'une des icônes du rock, pendant douze ans?
- Si le monde venait à disparaître en 2012, comment aimeriez-vous que l’on se souvienne de vous?
- Comme d'un guitariste versatile qui aimait ses fans et sa musique, et qui a joué aux côtés de nombreux musiciens fascinants. Et comme d'un musicien mû par un désir de perfection et qui est fier de tous les disques sur lesquels figure son nom.
- Quels sont les quelques albums que vous chercheriez à sauver d’un incendie?
- «Abbey Road» des Beatles, «Electric Ladyland» de Jimi Hendrix, «Tommy» des Who (un chef-d'?uvre!), «Blow by blow» de Jeff Beck, «Close to the edge» de Yes et le premier album de Led Zeppelin.
«Je suis fier de tous les disques sur lesquels figure mon nom»
A 56 ans, Bruce Kulick peut jeter un coup d'?il dans le rétro avec fierté. Ce natif de NewYork n'a-t-il pas officié au sein de Kiss pendant toute la période non maquillée du groupe (1984-1996), vendant dix millions d'albums en douze ans? Mais avant cette glorieuse épopée, il avait fait ses premières piges chez Meat Loaf, sur la mythique tournée «Bat out of hell» en 1977. Depuis la reformation de Kiss, il s'est mis au service du Grand Funk Railroad tout en s'offrant des escapades en solitaire. Avec «BK3», l'humble guitariste soliste (qui dit apprécier Coldplay, Muse et Wolfmother) livre sa création la plus aboutie et cohérente, oscillant entre rock rugueux et mélodies pop d'inspiration sixties. Avec en bonus une pléiade d'invités de marque: Steve Lukather (Toto), Tobias Sammett (Edguy), Eric Singer (Kiss, Alice Cooper), John Corabi (Mötley Crüe), Doug Fieger (The Knack) et Gene Simmons (PDG de Kiss).