Alice Cooper - 2010-11-17
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Interview avec Alice Cooper (Batterie) - 2010-11-17
Article paru dans le Journal du Jura du 24 novembre 2010 et réalisé par Pascal Vuille.
Alice Cooper n'a «jamais craché eu autant de venin!»
Chaque soir,
quand je suis sur scène, je suis animé d'une énergie incroyable, j'ai à
nouveau 25 ans! Même si certains pensent que je suis un vieillard, je
peux vous dire que je n'ai jamais eu autant de venin! Je suis plus
sombre, plus inquiétant, plus heavy metal. Après un concert, alors que
mes musiciens sont épuisés, je pète la forme! Il faut dire que je ne
fume pas, et que cela fait trente ans que je ne bois plus et que je ne
prends plus de drogues. Mais je ne mange pas que du tofu non plus!
(rire) Je n'ai jamais été aussi en forme physiquement. C'est un vrai
plaisir d'incarner un personnage vil, alors que dans la vie je suis tout
le contraire. C'est génial de jouer le rôle d'Alice Cooper!
L'essence même de l'art, c'est la provocation. Quand je
visite un musée d'art avec mon épouse, les ?uvres qui me plaisent le
plus sont celles qui me touchent, qui suscitent en moi des émotions. La
musique peut faire rire ou pleurer, elle peut engendrer la peur ou la
tristesse, peu importe. Mais elle doit toucher l'auditeur dans ses
émotions. La vocation de l'art en général est de nous faire réagir et
réfléchir. Pour ma part, tant que j'obtiens des réactions des gens,
positives ou négatives, je suis satisfait.
La musique est un don de Dieu. Elle est inexplicable.
Essayer de décrire ce qu'est la musique, l'expliquer, relève de
l'impossible. Quelqu'un disait que parler de musique, c'est comme
utiliser la danse pour expliquer l'architecture (rire). Quand j'ai
entendu les Beatles pour la première fois, cela devait être la chanson
«A Day In The Life», j'étais stupéfait. Je ne pouvais mettre des mots
sur ce que je ressentais. J'avais été touché dans mon c?ur, mon esprit.
Une chanson peut nous emporter n'importe où. Une belle chanson naît
quand on parvient à transposer en musique ce que disent les paroles.
C'est ce que réussissent à faire Burt Bacharach, Brian Wilson (des Beach
Boys), Paul Simon ou Paul McCartney.
Sur mon dernier disque, «Along Came A Spider», j'y raconte
l'histoire d'un tueur en série qui finit par enfreindre ses propres
règles. Dans son dessein, il projette de tuer huit femmes et de leur
couper à chacune une jambe, puis d'envelopper ces huit jambes dans de la
soie, afin de créer une sorte d'araignée. Mais il rencontre un problème
inattendu: il tombe amoureux de sa huitième victime et ne peut donc ni
la tuer, ni terminer son puzzle. Hannibal Lecter, l'incarnation ultime
du tueur en série, est trop intelligent pour commettre une telle erreur.
Alors que le personnage de mon histoire est en train de dépecer une
victime, il a tout à coup une révélation spirituelle: «Et si je me
trompais? La rédemption est-elle possible pour quelqu'un comme moi?» Il
est alors pris dans un tourment. L'auditeur ne connaîtra le fin mot de
l'histoire que dans «The Nightshift», que je suis en train d'écrire.
Chrétien, papa, mari, absurde et détendu.
(Rire) Ah non! Lui, il est sombre, marrant, imprévisible, rusé et surprenant. Il me surprendra toujours.
C'est un vrai plaisir d'incarner un personnage vil, alors que dans la vie je suis tout le contraire.